BD : Les chemins de Compostelle - T01: Petite Licorne

Auteur : Servais 
Editeur : Dupuis



De sa série classique Tendre Violette à l’histoire de l’Abbaye d’Orval, en passant par les superstitions rurales (La Tchalette, Les Diaboliques), voilà plus de trois décennies que le dessinateur gaumais emmène ses lecteurs dans les coins et recoins des terres wallonnes et surtout ardennaises. Stimulé par son éditeur, qui espère le voir reconquérir un public français qui - contrairement au belge - l’a un peu oublié, Jean-Claude Servais sort de sa zone de confort.

C’est donc sur les chemins de Compostelle, ces routes ancestrales et légendaires qui sillonnent la France, qu’il envoie de nouveaux personnages. Si on fait brièvement la connaissance de ceux qui partiront de Saint-Mathieux de Fine-terre, du Mont Saint-Michel ou de Vevey (Suisse), ce premier tome se concentre surtout sur les origines et la motivation de la jeune Blanche, qui entame son périple depuis la Grand-Place de Bruxelles. La jeune femme se sent guidée par l’esprit de son grand-père. Elle partageait avec ce vieil original une complicité inaltérable et sa passion pour l’alchimie, les arts et le savoir-faire brassicole étaient pour le moins communicatifs.


Cette BD regorge d’ailleurs d’informations historiques et didactiques, frisant souvent la digression. On sent que le voyage de ces marcheurs fictifs servira tant à parler de spiritualité que de terroirs très riches. 
Pour ceux qui n’auraient plus lu de Servais depuis un moment : exit l’encrage, le style très hachuré et le noir et blanc au charme désuet ; place aux traits crayonnés, foncés numériquement et sur lesquels Raives vient apposer des couleurs numériques qui renforcent encore le style quasi-photographique. La narration reste celle d’un vieux briscard de la bande dessinée réaliste, malgré ses tentatives de se moderniser. Toutefois, dans une certaine mesure et dans les plus belles planches, j’ai quand même pensé à un rapprochement avec le travail graphique d’Olivier Grenson (Niklos Koda, La femme accident, La douceur de l’enfer).

Levée une légère appréhension, cette amorce s'avère être une lecture instructive et plaisante. A suivre…

Chronique par Jean Alinea