TATTOOS - L'art du tatouage

Auteur : Picerno
Editeur : Hugo-Desinge
Si le tatouage est millénaire, ce ne serait qu’au XVIIIe siècle que les explorateurs rapportèrent de Polynésie la technique du tatouage. La vocation de cet art n’a bien évidemment pas toujours été celui qui se répand aujourd’hui : le plaisir pour son porteur de se distinguer, le glamour ou le message individuel.

Les tatouages tribaux, par exemple, pouvaient désigner le passage d’un rite, un fait marquant, une affiliation à un groupe (cet aspect-là inspirera plus tard des gangs criminels), un statut ou encore une invocation à la protection divine. Dans nos contrées, le tattoo a longtemps été associé aux "sauvages", aux monstres de foire,  à l’irresponsabilité ou à l’univers carcéral. En effet, le fait de se faire marquer la peau de dessins ou d’inscriptions peut, pour un prisonnier, représenter la seule chose qu’on ne pourra lui ôter.

Le présent ouvrage est sous-titré "Les plus beaux tatouages, traditionnels, japonais, maoris, symboliques, ésotériques, ou complètement barrés…" A la vue des photos intérieures, qu’il s’agisse de stylisations ou d’hyper-réalisme, ce n’est pas le terme de beauté qui vient immédiatement à l’esprit. Tout d’abord parce que de nombreux exemples semblent d'abord choisis pour impressionner, tantôt passablement grotesques ou totalement hideux. Ensuite parce que les plus réussis ne bénéficient que trop rarement de prises de vue avantageuses. Ce livre instructif aurait pu être magnifié par un meilleur travail de photographie artistique. Un travail plus subtil de la mise en page n’aurait pas été du luxe non plus.


L’auteur du texte comme des photos se nomme Doralba Picerno. Elle est reporter à Londres. Déjà auteur du livre Piercing and girls, elle s'est spécialisée dans l’étude des mouvements alternatifs. Mais peut-on encore parler d’alternatif dans le thème qui nous occupe ici ? Si, parmi les célébrités des années ’70-’80, il n’y avait que les hard-rockers qui pouvaient arborer des tatouages, la liste de stars de cinéma, footballers (David Beckham en tête) et autres people adoptant la peau illustrée s’allonge de jour en jour, servant de modèles à des jeunes générations souhaitant les imiter.


Bien évidemment, il y a un monde entre un petit gecko discret sur la cheville et l’univers des conventions, des compétitions et autres spectacles ; entre le tatouage dit "flash" (motif prêt à être reproduit) au graphisme adapté au corps du porteur ; entre le "scratcher" (terme péjoratif désignant le praticien non agréé) aux grands noms du tattoo ; sans parler de l’évolution des techniques ou le développement juteux du business...


Et c’est bien évidemment à la découverte de tout cela que nous emmène ce livre. Un livre aussi intéressant qu'imparfait, pour les quelques raisons évoquées plus haut, mais aussi pour quelques coquilles de rédaction : dès la première phrase de l’introduction, par exemple, il y a inversion dans le chiffre romain, l’auteur évoquant clairement le 21e et non le 19e siècle. Mais que fait l’éditeur ?


Chronique par Joachim