Auteur : Beaupuis
(A lire dès 4 ANS)
Les
éditions Balivernes nous avaient déjà habitués à une sélection
d’illustrateurs originaux et inventifs, mais avec Le boulanger des
croissants, ils nous offrent, en plus, la subtilité et l’intelligence
d’un conte aux préoccupations contemporaines particulièrement réussi.
Le
boulanger vit dans un joli village avec ses amis le paysan, le meunier,
le bûcheron et l’apiculteur. Ces derniers travaillent avec cœur la
semaine et, chaque dimanche, les cinq compagnons se retrouvent avec
enthousiasme pour déguster les délicieux croissants du boulanger. Un
jour, le prince s’arrête chez celui-ci et découvre avec émerveillement
les délicieux croissants. Très gourmand, il demande au boulanger de lui
en fournir au château chaque matin. Ce dernier accepte. Voilà alors les
comparses obligés d’augmenter leur temps de travail pour satisfaire la
demande du prince. Travail qui n’ira qu’en augmentant puisque le prince
choisira d’en vendre aux royaumes voisins et que le boulanger, avide des
pièces d’or que ce labeur lui apporte, fera tout pour assurer la
production. Mais voilà… le sol s’appauvrit, le bois se raréfie, les
abeilles disparaissent, que deviennent alors l’amitié et les fameux
croissants ?
Abordant les thèmes tels que
l’industrialisation irrationnelle, l’appât du gain, l’oubli des plaisirs
simples, etc. ce récit aux résonances bien actuelles rappelle aux
petites têtes combien il est important de ne pas toujours vouloir plus,
dont des choses inutiles, pour être heureux. Quant aux grandes têtes,
celles-là, elles y verront, on l’espère, une belle allégorie en faveur
d’un monde des croissants… euh, décroissant, pardon. De simplicité
heureuse, en tout cas.
Le graphisme de Yannick Beaupuis,
quant à lui, foisonne de belles trouvailles, la première étant avant
tout de créer un univers de bois, cette matière première essentielle.
Même les personnages sont de petits bonshommes composés de cubes et de
bâtonnets, le symbole sur leur poitrine nous permettant de les
différencier.
Loin des récits mièvres et sans substance
de nombreux livres de jeunesse, faut-il préciser que celui-ci est un
vrai coup de cœur ?
Chronique par Virginie
