ROMAN: Irène, Nestor et la vérité



Auteur : Catherine Ysmal   
Editeur : Quidam 



La vie ne se raconterait qu’en monologues. La vie serait cette confusion de pensées dissolues et pourtant si pleines de sens dans notre grand magasin intérieur où rien n’est à vendre. 

Irène et le rêve d’un sentier ou d’une herbe où marcher pieds nus. Filtre des sens, du silence, des fleurs et du vent. Les mots avec de la boue et de la rosée collées sous les talons. Dans une respiration essoufflée parfois. 

Nestor et ses millions de cheveux à couper en quatre ou en mille, s’épuisant à chercher cette Vérité qui n’existera jamais vraiment, même dans le dictionnaire à la rigueur trompeuse. On n’y trouve pas toujours l’essentiel, on n’y trouve pas toujours le sens d’émotions qui font perdre pied. 

Et puis il y a Pierre, l’ami témoin, dont l’innocence reste à imaginer, à saisir tout en restant insaisissable. Qu’a-t-il vu de cette histoire de couple en perdition ? Que sait-il vraiment de ces deux-là ? De ce duo dissonant en éloignement progressif et dont la relation s’est transformée en un genre discret et intime de barbarie ? 

Et enfin, il y a ce secret qui le reste, secret, dressant le décor du roman, tissant une toile où chacun se sent entravé sans savoir comment faire pour en sortir. 

Catherine Ysmal offre un regard propre à elle sur la langue, sur les multiples visages des mots, sur leur fausse innocence. Tant de méandres, tant d’illusions. Où se trouve alors cette vérité, à quoi bon la chercher, là où, entre les âmes qui n’arrivent pas à se comprendre, quelque chose se meurt ? 

Ce livre est plein, gavé d’une violente beauté, où les images s’élancent, bousculent et se bousculent, chancèlent. Irène, Nestor et la vérité, c’est une vision de force et de fragilité, celle d’un monde si sauvage et inconnu : celui de l’Autre.

Chronique par Virginie