BD : La Petite Sirène

Auteur : Junko Mizuno
Editeur : IMHO


(Pour public averti)


Les manga de Junko Mizuno sont redoutables : des univers gore sous des dehors bubble-gum… et une réappropriation de contes classiques tournant au cauchemar.

Junko Mizuno, comme Disney, a un graphisme très reconnaissable, un peu kitsch rétro mais attrayant et mignon, aux couleurs acidulées (oui, un manga en couleurs), mettant en scène de petites poupées à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession… Junko Mizuno, comme Disney, se réapproprie des contes de fées classiques… Oui, sauf qu’à l’inverse de Disney, ses contes ne sont surtout pas à mettre entre des mains d’enfant !

Voici donc l’histoire de petites sirènes qui - comme il se doit - attirent les marins avec leurs irrésistibles charmes… mais pour les bouffer sur le champ. Par ces actes terribles, elles cherchent à venger leur mère, autrefois tuée par des pêcheurs. Seulement, voilà qu’un jour, Julie, l’une des sirènes, s’amourache d’un jeune humain qu’elle veillera bien sûr à l’épargner. Bien mal lui en prendra, Junko Mizuno n’ayant aucun scrupule à offrir des destins cruels à ses personnages. Plus que jamais, la mangaka joue sur l’aspect sexy de ses petites bonnes femmes (on a même droit à une scène torride), mais plus que jamais aussi le récit nous emmène vers un morbide désespéré. Andersen doit se retourner dans sa tombe (on reste dans le morbide).

Si personnellement mon coup de cœur reste Cinderalla, La Petite Sirène est graphiquement le plus abouti des trois contes pastichés par Mizuno (Hansel et Gretel étant plus facultatif). Diverses influences enrichissent le style de la mangaka : on pense tant à Tezuka qu’aux arabesques de Mucha ; aux vagues de Hokusai… qu’au design de mon canard de bain en plastique.

Chronique par Lo-Hi