BD : Les petits soldats - T1 : Le pigeon voyageur

Auteurs : Krassinsky & Delval
Editeur : Vents d'Ouest



Ce qui attire en premier dans cette bande dessinée, c’est la couverture. A la fois burlesque, colorée, dramatico-comique, faisant fi des proportions, elle intègre en une seule image toute la symbolique du récit qu’elle présente. On a dès lors pas mal d’attentes en ouvrant le livre, cherchant d’emblée l’extravagance offerte en avant-goût.

L’histoire, si on s’attarde d’abord aux grandes lignes, est finalement assez convenue : deux amis qui se disputent la même femme en temps de guerre. L’un, Friedrich, pragmatique, respectueux des lois, vertueux et chevaleresque. L’autre, Frantz, poète désargenté, impulsif, allergique à l’obéissance mais profondément romantique. On sent assez vite à qui va la préférence de la belle mais les circonstances politiques rendront les choses rapidement compliquées.

Nous sommes donc en 1872, dans l’empire de Czisletovie, qui entre en guerre avec la Dalmazsie, pourtant connue pour être pacifique. Si Friedrich, ne remettant pas en cause les motifs de la guerre, n’échappe pas à la Conscription, Frantz, bien déterminé à ne pas prendre les armes, se fait « embaucher » par un ministre de la Kulturcommandatur afin de porter une dépêche secrète à l’empereur de Dalmazsie. Y voyant une alternative à la désertion, Frantz part sur les routes accompagné d’Angela, petit animal « contenant » le précieux message…

Ministres plantureusement coiffés et poudrés manigançant à l’insu d’un empereur-enfant capricieux, monstres conscripteurs et soldats masqués : on trouve  dans ce premier tome des Petits soldats anachronismes et mélanges de genres, donnant au récit un ton plus original que s’il était resté fidèle à un contexte historique classique. Néanmoins, l’ensemble garde un goût d’introduction.

On retiendra surtout certains éléments du graphisme, en particulier les « tronches » des personnages secondaires (la logeuse ou le ministre surtout), qui sortent le livre d’un canevas plus traditionnel.

L’univers est intéressant, mais, on espère vraiment que la suite n’hésitera pas à pousser l’inventivité jusqu’au bout, histoire de vraiment marquer les mémoires. 

 Chronique par Virginie