BD : Portugal

Auteur : Pedrosa
Editeur : Dupuis (Aire Libre)


Avec Portugal, c’est littéralement un pavé que Cyril Pedrosa (Ring Circus, Trois Ombres, AutoBio*)  jette dans la mare débordante de nouveautés. L’ouvrage est gros, lourd, et, on s’aperçoit déjà au premier coup d’œil qu’il marque une évolution graphique importante pour son auteur.

Je ne partage par contre pas l’enthousiasme sans réserve de beaucoup de mes confrères journalistes. Sur le plan du dessin, pas de doute : on a droit à du grand Pedrosa, osant s’émanciper, varier son trait (crayon, stylo, pinceau) et le type de mise en couleur (lavis, aquarelle, numérique) en fonction du ton nécessité par chaque chapitre.

Sur le plan de l’histoire, on a droit à un récit fleuve inspiré d’éléments autobiographiques et des questionnements de l’auteur sur les relations familiales dissolues et l’immigration. 

On suit d’abord surtout les errances de Simon, ce jeune dessinateur français (fictif) en mal d’inspiration et de dynamisme, qui, invité à un festival de BD à Lisbonne, puis à un mariage d’une cousine, se voit réveiller l’attrait pour le pays de ses ancêtres. On découvre aussi, ultérieurement, le point de vue réticent sur le Portugal qu’adopte son père, homme d’affaires parisien surbooké. Et pour finir se révèleront à Simon quelques découvertes discrètes mais essentielles sur la vie de celui qui fût son grand-père, qui autrefois avait fui le régime de Salazar pour venir s’installer et travailler en France.

Les planches dégagent bien la musicalité linguistique, la lumière et même les senteurs du Portugal, mais les séquences s’étirent en longueur et se languissent en contemplations mélancoliques (en alternance avec des conversations conflictuelles). La profondeur potentielle du thème des racines n'en est dès lors que survolée. L’épaisseur du livre laissait espérer bien davantage.

Bref, formellement c’est splendide, plein d’atmosphère, mais cette lecture n'est pas parvenue à me captiver, ni ses personnages à m'émouvoir.

Chronique par Jean Alinea

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