BD : La Marie en plastique (2 tomes ou intégrale)

Auteurs : Prudhomme et Rabaté
Editeur : Futuropolis


Première partie

Soyons francs : s’il n’y avait pas la mention du nom de Rabaté (au scénario), peu de choses encouragent à la découverte de La Marie en plastique. Passé l'a priori de la couverture de ce premier volume, un coup d’œil aux pages intérieures ne s’avère pas beaucoup plus engageant de prime abord. Mais ce récit ayant été écrit dans une période inspirée, dans la foulée des Petits ruisseaux*, on s'y est plongés quand même. Effort récompensé, car à la lecture, le dessin de David Prudhomme s'avère finalement approprié.

La trame est basée sur des relations familiales caricaturales et pourrait faire l’objet d’une pièce de théâtre de boulevard :
Emilie, la grand-mère bigotte, revient de Lourdes. Dès son retour au bercail elle engendre une dispute avec Edouard, son mécréant de mari, sous prétexte que ce dernier ne s’est pas donné la peine d’aller la chercher. Progressivement les hostilités verbales vont crescendo, empoisonnant plus que jamais la vie de toute la maisonnée. Car oui, ce couple de petits vieux - à la répartie pas piquée des hannetons -, vit sous le toit de leur fille, leur beau-fils et leurs enfants.

Arrive ensuite le moment où les deux retraités, refusant de s’adresser la parole, passent aux actes pour imposer leurs idées. Emilie sortira de ses valises une Vierge Marie en plastique du plus bel effet, pour le disposer… sur le poste de télévision. Et Edouard, lui, rétorquera en plaçant un portrait de Lénine au mur, juste au-dessus.


Seconde partie

Ambiance de communion et de petit jaune, brouilles familiales et lâchetés masculines, petites recettes de cuisine et bouderies du troisième âge : voilà pour l’atmosphère du début de ce tome deux de La Marie en plastique.

Alors qu’Emilie croit dur comme fer au miracle depuis que sa Marie en plastique a déversé ses larmes de sang sur l’écran de la télévision, Edouard, son mari, s’isole de plus en plus des activités sociales et religieuses de la famille. Sang analysé, Vatican convoqué, il devient difficile de cacher l’événement, et, bientôt, la maison familiale est transformée en lieu saint, au dépit de tous, sauf d’Emilie qui s’en rengorge à tour de bras.
Et puis voilà qu’Edouard se trouve hospitalisé pour avoir chuté sur le range couverts (quelle idée !)… Cela amorcera-t-il un début de réconciliation dans ce vieux couple pétri d’habitudes de discorde ?

Même charme, mêmes sourires dans ce tome deux qui ne perd en rien son côté "vrai monde" et authentique. Un brin pittoresque, mais pas forcément exagéré, cet album reste fidèle à son climat de photo jaunie, qu’on regarde avec tendresse et nostalgie. Le dessin (qui, au début, m’avait un peu décontenancée par ses couleurs fades et son trait peu attirant) ne fait que renforcer cette sensation, ce qui est à noter et apprécier.
De situations cocasses en réparties allègrement piquantes et amusantes, on ne se lasse pas une seconde.


Chronique collective de la rédaction Asteline


Lisez aussi nos chroniques à propos de
 Rébétiko (la mauvaise herbe) et La traversée du Louvre
par David Prudhomme,
ainsi que celles à propos des Petits ruisseaux,